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EUGENIO SOURNIA

Eugenio Sournia est un chanteur-compositeur célèbre pour avoir été le chanteur du groupe livournais I Siberia, qui s'est séparé en juin dernier.

Vous pouvez trouver plus d'information sur Eugenio sur sa page Instagram.

Plus d'Informations sur I Siberia sur leur page Facebook et Instagram.

Pour écouter la musique d'Eugenio c'est par ici

Eugenio Sournia au Firenze Rocks, Source: Instagram

Comment pensez-vous que ça a changé le concept de discographie dans les dernières années? 

 

Je pense que depuis l’époque du support physique, que ce soit du vinyle, la cassette, ou le cd, on a assisté à un processus de démocratisation du moyen. Si avant, réaliser un disque avait des procédures complexes et couteuses, en quelque sorte dans les derniers 15-20 ans la production et surtout la réalisation de ces produits a rencontré une réductions des couts assez importante. 

Avant la venue du digital, réaliser un disque était quelque chose qui prévoyait un investissement assez important, donc on va dire que en quelque façon les maisons des disques avaient vraiment le pouvoir de choisir quels acteurs faire rentrer dans le marché discographique. On n’avait pas souvent, a mois que la personne était fils de quelqu’un de très riche, les moyens de réaliser tout seul un produit d’un niveau professionnel. Maintenant, avec quelque centaine d’euros d’équipement et les bonnes connaissances on peut réaliser un produit qui “sonne” comme un quelque chose produite professionnellement. Je pense très banalement à la Trap, qu’a utilisé ça comme son marque de fabrique. Je pense à Lil Peep qui s’enregistrait tout seul avec des équipement qui coutaient quelque centaine de dollars. 

Tout ça à mon avis est d’un côté quelque chose de bien, mais de l’autre il a fait si qu’en quelque manière le disque n’ait plus un cout pour l’utilisateur final. Cette extrême démocratisation de la production et de l’utilisation du produit musical a emmené malheureusement à un aplatissement du niveau moyen. Un grand nombre d’acteurs qu’avant auraient été mis de côté, maintenant rentrent dans le marché. Il nous manque ce filtre qu’avant était exercé par les couts et par les maisons des disques, qui nous permets de pouvoir trouver dans les sorties des artistes moins mainstream. Si avant on arrivait à les trouver parmi les 10-15 sorties du vendredi, maintenant on doit le chercher parmi les centaines de sorties….qui est beaucoup plus difficile pour qui écoute de découvrir de la nouvelle musique, et pour qui produit de se faire connaître. 

 

 

Pensez-vous que grâce à la venue du digital, le concept « d’exporter sa musique à l’étranger » puisse encore exister ? Est-ce qu’il existe encore l’étranger, musicalement parlant ? 

 

Il y a eu la volonté, de la part de certaines labels, comme Bomba Dischi, d’organiser des petites tournées européennes à ses artistes de pointe…à mon avis a encore du sens de parler de l’étranger. Aujourd’hui, l’étranger est dicté aussi beaucoup par la localisation sur Spotify. Par exemple, moi j’ai eu pour une période mon Spotify en français, donc toutes mes playlists étaient conçues sur les sorties françaises. En quelque manière oui, ça a encore du sens parler d’étranger car dans les derniers 4-5 ans en Italie on a eu un retour à la musique italienne. Je m’en souviens que jusqu’au début des années 2010, jusqu’à avant de l’esplosion du phénomène du ItPop, en Italie qui était intéréssé de musique, écoutait principalement de la musique anglosaxonne, étrangère. Le publique était bien divisé entre qui écoutait Eros Ramazzotti, Emma Marrone, Laura Pausini, et qui allait se récupérer les sorties étrangères, et puis on avait une petite partie d’artistes indépendants italiens comme les Marlene Kuntz, Il Teatro degli Orrori, ou encore les Afterhours et les Luci della Centrale Elettrica, qui étaient de niche et qui ne faisaient pas partie des grosses sorties de masse. D’ailleurs, dans les derniers 4-5 ans à mon avis avec le phénomène du ItPop et du Indie Italien de masse, on a assisté à une vigoureuse reprise de masse de l’identité nationale, même de qui écoute de la musique en une façon moins habituelle. Il est pour cette raison qu’à mon avis maintenant ça a du sens de pouvoir parler de l’étranger car en Italie on écoute, je pense en majorité, de la musique italienne. Tout cela donne un sens à essayer de l’exporter. Bien évidemment, cela devient difficile avec un marché de plus en plus globalisé. 

 

Cette année a été très dure pour les travailleurs du spectacle. Beaucoup des concerts ont été annulés, et malheureusement beaucoup de monde vit en une situation précaire depuis presque un an. Comment avez-vous vécu cette période si difficile ? Pensez-vous que l’industrie discographique a été particulièrement touchée, ou que dans le temps qu’on a passé à la maison on a pu développer les productions ?

 

Personnellement, j’ai beaucoup souffert cette période. Avec I Siberia on avait travaillé pendant un an et demi à la réalisation un disque, vous savez quand on publie un disque il grandi dans les concerts, il fait parler du groupe. On a réussi à faire quelque concert, et pour beaucoup nos concerts ont été les derniers car on a joué jusqu’au 23 février 2020, le 21 février on avait même joué à Bergame. Ils ont été des live assez enrichissants, on sentait une certaine agitation autour du groupe. Le confinement et les mois qui l’ont suivi ont été une très grosse délusion, au moins au niveau de mon groupe, les Siberia. A niveau personnel, ces mois de confinement m’ont servi pour réaliser, très banalement que je voulais continuer seul, pour tout un tas de choses. J’ai repris à écrire. L’impact initial m’a aussi porté une inspiration et des réflexions positives. Malheureusement la deuxième vague a été même pire que la première car on a compris qu’il s’agit d’un problème qui n’est pas prêt à partir, mais qui va persister encore pour un bon moment. Malheureusement je crains que, un peu comme dans beaucoup de secteurs de la vie, on est en train d’aller vers une grand digitalisation du secteur musical. 

Si le processus de digitalisation de la musique s’était passé au niveau des productions, maintenant se passe aussi dans la diffusion des spectacles, qui sont fait en streaming parfois payant. L’attention qu’on a donné à X-Factor, une des seules formes de divertissement musical restés, un festival de Sanremo dans une bulle, qui veut parler aux jeunes, qui a parmi ses participants beaucoup d’artistes de la scène indie… Le problème est que quand le digital entre quelque part, il est très difficile de l’enlever après. Il est clair que l’expérience du concert reste unique, mais à mon avis, si les restrictions vont encore continuer pour un numéro significatif de mois, les gens vont vite se déshabituer à aller aux concerts. On peut dire qu’en Italie on a vécu à une renaissance du concert, et j’ai peur qu’on vient de la perdre. Pendant le confinement, j’ai vu Nick Cave faire des concerts en streaming payants et je pense que c’est quelque chose qui ne doit pas se répéter, aussi comme forme de respect vers tous les techniciens du son, les tour managers, et vers les roadies qui travaillent pour s’assurer la bonne réussite d’un concert. Par exemple, moi j’ai deux cousins qui sont techniciens du son en France, et je suis à connaissance de la figure des intermittents du spectacle qui reçoit des subventions quand il ne peut pas travailler. Chez nous, ce domaine est beaucoup moins réglée, la grand partie des techniciens travaille au noir, et la situation est beaucoup plus dramatique. 

Si moi, à février 2020 me voyait comme un chanteur professionnel, maintenant non. Mais je n’ai pas renoncé seulement pour une raison économique, mais parce que je n’aime pas la direction que la discographie et la musique ont pris ces derniers temps. 

 

 

Quel rôle donnez-vous à la radio dans la vie des artistes d’aujourd’hui? Est ce qu’on peut encore compter sur elle, ou est ce qu’elle est devenue un instrument de communication obsolète? 

 

En Italie, la radio est encore liée à un monde extrêmement mainstream, assez généraliste, et encore maintenant dans la discographie la radio est encore très forte. Le dernier album qu’on a publié avec les Siberia avait été fait avec Sugar, une des maisons des disques italiennes plus importantes et fortes sur la radio, j’ai aussi travaillé avec une agence de communication, la “MA9 Promotion” qui travaille avec Gabbani, Irama, Ghali, qui a toujours été très forte sur les radio. On peut dire qu’en Italie il y a un certain type d’identité national-populaire de masse qui passe encore par la radio. Les TheGiornalisti ont eu un immense succès radiophonique par rapport à Calcutta, car Tommaso Paradiso et les TheGiornalisti font des chansons qui vont beaucoup à la radio. Calcutta, mise à part pour Paracetamolo et Oroscopo n’a jamais eu des morceaux qui marchaient à la radio, quand les TheGiornalisti ont rempli le Circo Massimo. A mon avis, un certain type d’affirmation national-populaire vient de la radio. Je connais très bien le cas de Gabbani car on a participé aux sélections de Sanremo Jeunesse ensemble en 2016, qu’il a gagné d’ailleurs. Gabbani, avant avec Amen et après avec Occidentali’s Karma est devenu un phénomène national-populaire. Ayant travaillé avec une label majeure italienne, il est surement un des objectifs d’avoir ses artistes consacrés à la radio. Même maintenant, par exemple Collapesce e Dimartino ont cherché, avec leur dernier album, de recevoir cette consécration radiophonique car c’est qui prélude en Italie a vraiment être connu. Encore au jour d’aujourd’hui, avoir ton morceau à la radio veut dire que t’es connu, pas que tu gagnes ou que ton projet fonctionne: ça veut dire que t’es célèbre. Il y a des artistes, comme Gazzelle par exemple, qui même avant ses passages radiophoniques importants, était un artiste qui faisait des très grosses chiffres dans les circuits live. Il y a des artistes, par exemple dans le monde du trap, qui gagnent beaucoup des circuits live et de leurs sponsorisation, mais qui ne sont pas très importants à la radio. Les Siberia ont cherché, surement car certaines chansons sont très accrocheurs, d’obtenir des passages radiophoniques. Je m’en souviens qu’on avait cette “Radio Zeta”, une branche de RDS, qu’en Italie est très active dans la promotion des artistes plus jeunes. A mon avis, la radio a encore ce rôle dans la discographie italienne. 

 

 

Si l’on pense à la France et à la radio on trouve la loi des quotas. Qu’en pensez-vous? Pensez-vous que c’est correct de limiter le passage des artistes étrangers à la radio pour favoriser les artistes locaux? Pensez-vous qu’une proposition de loi similaire en Italie pourrait marcher?

 

 

Alors, je pense que une proposition du genre en Italie pourrait rencontrer un avis assez favorable. Le fait que une lois similaire avait été proposé par le PD et par la Lega, se auto-explique comme loi assez bipartisan, dans laquelle tout le monde pourrait en traire des expériences positives. Bien évidemment, qui en fait les frais sont les artistes étrangers de niche, même si en Italie, les artistes étrangers qui passent à la radio sont souvent très connu comme AC/DC, Rolling Stones ou Lady Gaga, même sur des radiodiffuseurs comme Virgin Radio (en Italie c’est la radio du rock, ndlr). A mon avis ça pourrait être une proposition assez avantageuse car les artistes étrangers resteraient inchangés, seulement avec des quota de passage mineures. En allumant la radio en Italie on n’entend pas le groupe underground anglais, qui n’a pas d’autre moyen de se faire découvrir, donc cette loi en Italie pourrait avoir du sens car en gros, elle ne pénalise personne. Une proposition qui pourrait être aussi valable serait celle de faire arriver au publique des artistes et des groupes étrangers moins connu pour pouvoir proposer au publique des nouveaux artistes, et donc de ne pas seulement faire connaître des artistes italiens, mais aussi étrangers. 

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